Le goût sucré peut-il devenir une dépendance pour l’homme ?
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Actualité
Publié le 12/10/2021

Le goût sucré peut-il devenir une dépendance pour l’homme ?

 

Le sucre fait partie de notre alimentation quotidienne de façon volontaire ou non.  La consommation à ce jour, en France, de sucre ajouté est d'environ 70g par jour alors que l'OMS recommande 25g. Cet aliment sucré est souvent mis en cause dans l'épidémie d'obésité, de diabète, cancer... Certains parlent même d'addiction au sucre.

I. Le comportement addictif

L'addiction est une affection cérébrale chronique, récidivante, caractérisée par la recherche et l'usage compulsifs de drogues, malgré la connaissance des conséquences nocives. Elle se définit comme la dépendance d'une personne à une substance génératrice de plaisir, dont elle ne peut plus se passer en dépit de sa propre volonté. D'après Issac Marks, l'addiction est une impulsion irrépressible à se livrer à un produit et surtout le retour de cette impulsion après un certain délai en raison de symptômes de manque. Ces symptômes ne sont pas nécessairement physiques. Cependant, le plus souvent, le manque apparaît également sous la forme de la recherche impérative d'un produit spécifique. L'addiction est donc une perte de liberté, une contrainte à consommer un produit dont la personne est devenue totalement incapable de se passer.

L'addiction à l'alimentation se définit ainsi par une difficulté à contrôler la consommation de certains aliments. Pour réellement parler de dépendance, il faut que l'individu soit pris d'un désir irrésistible vis-à-vis du produit. Il doit aussi être conduit à augmenter sa consommation au fil du temps.  De plus, la faible estime de soi, la solitude, l'instabilité émotionnelle et une grande impulsivité sont des facteurs qui augmentent la dépendance. Des études estiment que 5 à 10 % de la population standard présente une addiction à l'alimentation avec une prévalence de 20 % chez les patients obèses. Les troubles du comportement alimentaire (comme l'hyperphagie, la boulimie) et l'épidémie mondiale d'obésité sont désormais 49 couramment attribués à l'émergence d'une addiction à certains aliments à haute densité énergétique. Au siècle dernier, ces aliments riches en sucre n'existaient pas ou n'étaient disponibles qu'en quantité limitée. Cependant, de nos jours l'industrie agroalimentaire les a désormais banalisés.

Par ailleurs, manger à un pouvoir de régulation émotionnelle et procure naturellement un réconfort. Le mangeur se fie principalement à ses sensations alimentaires, il est guidé par les signaux que lui adressent les centres nerveux chargés d'adapter ses consommations à ses besoins physiologiques, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Le système faim-satiété contrôle le besoin de manger, modulé par les besoins énergétiques, un second système motive à manger un aliment plutôt qu'un autre. Suivant chaque individu, tel ou tel aliment est capable d'apporter davantage de plaisir gustatif. Lors de l'ingestion, le plaisir s'active et il s'estompe lors que la satiété arrive. Chez la plupart des adultes comme chez les plus jeunes, la stimulation produite par les aliments sucré est évidente à la fin des repas, même copieux («Il reste toujours de la place pour le dessert !»). 

 II. Le sucre

Le sucre est un aliment, plus précisément un disaccaride, composé d'une molécule de fructose et une de glucose. Il provient de la betterave sucrière ou de la canne à sucre. Il a beaucoup de propriétés technologiques : exhausteur de goût, colorant, agent de texture, conservateur et agent de fermentation. Pour toutes ces qualités, nous le retrouvons dans beaucoup de préparations industrielles (jambon sous vide, sauce tomate...) ou maison (gâteaux, tartes sucrées, meringues...), en plus de celui présent dans les végétaux. Le sucre est aussi précieux pour l'organisme, il est avant tout notre source d'énergie et de réserve énergétique. Il a aussi un rôle structural pour les membranes plasmiques. Toutefois, le sucre simple est un sucre rapide, il est donc rapidement digéré et absorbé par l'organisme (a contrario des glucides 50 complexes). Par conséquent, si nous ne nous nourrissions que de sucre raffiné, nous serions obligés de manger plus de 3 repas par jour. En outre, un gramme de sucre contient un gramme de glucides, soit 4 kcal. Ce nutriment est donc une source d'énergie sur le court terme.  Le sucre est une calorie vide, en effet, à part des glucides, il n'apporte pas de minéraux, de vitamines ni d'eau.

III. Son impact sur l'organisme

Sa consommation, favorisée par son caractère agréable, peut contribuer à rendre le bilan énergétique positif. D'autre part, le sucre a un index glycémique de 68, celui-ci participe donc à l'augmentation de la glycémie lors du passage du glucose et fructose dans le sang. Par conséquent, le sucre participe à l'épuisement du pancréas et donc à l'augmentation du nombre de personnes atteintes de diabète non insulino-dépendant. En 2017, nous étions à 425 millions étaient atteints par cette pathologie dans le monde. comme l'explique le Docteur TEITELBAUM Jacob: «le sucre vous apporte une sensation de bien-être durant quelques instants, mais ensuite, il fait des ravages dans votre sang.» En effet, le sucre est un stimulus psychobiologique très puissant qui induit une stimulation de la zone du cerveau de la récompense. Ce qui libère de la dopamine donnant une sensation euphorique et de plaisir. Le goût sucré entraîne une décontraction du visage et souvent un sourire. Les neurones sollicités par cette ingestion sont différents de ceux sollicités par les drogues. La réponse dopaminergique aux drogues est beaucoup plus puissante et la réponse épigastrique est différente. Cependant, en 6 à 8 secondes, la sensation de sucre est oubliée et plus on mange de produits sucrés, plus on développe une résistance à la dopamine.  De plus, l'appétit pour cette saveur évolue au cours de la vie, et diminue entre l'enfance et l'âge adulte.

 Cependant, en excès dans le sang, il peut être à l'origine de troubles sur différents organes :

-d'après des chercheurs, le sucre atteindrait le cerveau et activerait les récepteurs spécifiques de l'hypothalamus à l'addiction et perturberait le métabolisme de la ghréline (hormone de la faim) et la leptine (hormone de la satiété) ;

-il augmente les risques d'accident cardio-vasculaire ;

-il peut engendrer des maladies du foie en particulier la stéatose hépatique qui peut dégénérer en cirrhose ;

-le Professeur David Ludwig révèle qu'en mangeant du sucre raffiné, la production d'insuline augmente, celle-ci agit comme engrais pour les adipocytes qui verrouillent l'accès aux graisses stockées.

IV. La place du diététicien

 Le diététicien à un rôle important à jouer sur la consommation de sucre. En effet, encore beaucoup de personnes ignorent :

-l’impact d’une consommation excessive en sucre sur la santé ;

-les compositions nutritionnelles des différents glucides ;

-la consommation recommandé par jour ;

-où et dans quelles quantités sont caché les glucides dans les aliments.

Le diététicien a donc un travail de sensibilisation auprès de la population Française, en particulier chez les enfants. En effet, sensibiliser les jeunes permets d’éviter de prendre de mauvaises habitudes alimentaires. De plus, cela permettrait de prévenir des complications d’une consommation excessive de sucre. Pour que cela soit réalisable, il faudrait que les diététiciens soient présents dans les écoles.

V. Conclusion

L'ingestion de sucre raffiné a augmenté très rapidement et en très grande quantité ces dernières années. Je peux donc conclure que la consommation excessive de cet aliment a des effets néfastes pour la santé. Certes, les mécanismes neurobiochimiques impliqués dans l'attirance pour le sucre (et autres aliments) et les drogues sont communs, mais ce sont les drogues qui empruntent les circuits de la récompense utilisés pour des fonctions vitales. Associer l'ingestion d'un aliment au ressenti d'un plaisir est donc une nécessité biologique. L'alimentation peut exercer une fonction analogue à la drogue sans en avoir tous les effets. Mais contrairement à l'alcool par exemple, le sucre n’entraîne pas d’addiction.